
Et si notre cerveau était capable d’atténuer l’intensité émotionnelle d’un souvenir perturbant ? C’est la piste explorée par les neurosciences depuis plusieurs années. Des études récentes révèlent qu’en contrôlant volontairement l’accès à certains souvenirs, il est possible de moduler les réactions physiologiques qui y sont liées. Mieux : des approches thérapeutiques comme l’EMDR 2.0 exploitent déjà ces mécanismes en séance. Plongée dans une recherche passionnante à la frontière entre mémoire, émotion et thérapie.
Les travaux de Pierre Gagnepain apportent une contribution précieuse à notre compréhension du lien entre mémoire et émotions. Ils montrent que la suppression volontaire de souvenirs, quand elle est efficace, peut diminuer l’impact physiologique et émotionnel de ceux-ci. En revanche, lorsqu’elle échoue, elle pourrait renforcer la charge émotionnelle initiale.
L’EMDR 2.0, en mobilisant des principes similaires — notamment la surcharge de la mémoire de travail pendant la remémoration — apparaît comme une approche thérapeutique prometteuse, à la fois rigoureuse et accessible. Ces résultats ouvrent la voie à des stratégies d’intervention mieux ciblées pour les patients souffrant de TSPT, de TOC ou de souvenirs intrusifs non résolus.
Références
- Legrand, N., Etard, O., Vandevelde, A., et al. (2020). Long-term modulation of cardiac activity induced by inhibitory control over emotional memories. Scientific Reports, 10, 15008. https://doi.org/10.1038/s41598-020-71858-2
- Gunter, R. W., & Bodner, G. E. (2008). How eye movements affect unpleasant memories: Support for a working-memory account. Behaviour Research and Therapy, 46(8), 913-931.
- van Schie, K., et al. (2016). Modulation of memory characteristics by dual tasks: A replication and comparison of eye movements, auditory shadowing, and drawing. Frontiers in Psychology, 7, 257. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2016.00257
- van den Hout, M. A., et al. (2011). Tapping thoughts: EMDR and dual task interference. Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry, 42(3), 423–431.