Et si l’efficacité de la thérapie EMDR tenait moins aux mouvements oculaires qu’à la surcharge cognitive qu’ils génèrent ? Cet article explore la piste désormais dominante en neurosciences : celle de la mémoire de travail. En mobilisant intensément cette capacité limitée pendant le rappel d’un souvenir traumatique, l’EMDR réduirait la vivacité et l’intensité émotionnelle de ce souvenir. Ce mécanisme est notamment étayé par l’étude expérimentale de Gunter et Bodner (2008), qui montre que des tâches engageant la mémoire de travail, comme les mouvements oculaires, diminuent la charge émotionnelle des souvenirs désagréables. Un corpus croissant de recherches vient désormais éclairer d’un jour nouveau les fondements scientifiques de cette thérapie.
La théorie de la surcharge de la mémoire de travail offre aujourd’hui le modèle explicatif le plus cohérent et le plus validé scientifiquement pour comprendre les effets de l’EMDR. Elle permet de dépasser les hypothèses initiales centrées sur les mouvements oculaires ou le sommeil paradoxal, en montrant que ce sont les tâches concurrentes — visuelles, auditives ou motrices — qui réduisent la charge émotionnelle d’un souvenir en compétition avec sa réactivation.
Ce modèle ouvre des perspectives cliniques concrètes : il permet d’ajuster les tâches duales pour les rendre plus efficaces, de personnaliser les protocoles, et de comprendre pourquoi certaines variantes de l’EMDR (comme l’EMDR 2.0) obtiennent des résultats plus rapides et plus durables. En s’appuyant sur les sciences cognitives, l’EMDR entre dans une nouvelle ère, plus rigoureuse, plus adaptable… et plus prometteuse.
Référence
How eye movements affect unpleasant memories: support for a working-memory account